Du samedi 15 février au dimanche 23 mars 2025

Cette exposition rend hommage à Aurel COJAN (1914-2005), célèbre peintre «tachiste» et informel, réfugié politique à Paris en 1969 (musées de Bucarest et de Paris) et accueille la japonaise Izumi KOHAMA, calligraphe maître du «Shodo art», venue vivre et travailler depuis 2019 près de Pont-Aven.
 
Une proposition artistique qui interroge la vivacité des couleurs face au dépouillement du noir sur blanc, la spontanéité du geste au regard de ses codifications symboliques, et les relations des formes plastiques à l’écrit.

Aurel COJAN (1914-2005) est né à Beceni en Roumanie, dans une famille aisée qui sera progressivement ruinée. Premiers dessins en 1933-34, influencés par l’expressionnisme social (Grosz, Pascin); il commence avant-guerre à participer à des expositions collectives. Passage éphémère aux Beaux-Arts de Bucarest, « qui m’ont fait plus de mal que de bien ». 1946: première exposition personnelle à la galerie Hassefer et à l’Athénée roumain de Bucarest, après quoi il est interdit d’exposer… durant quinze ans ! Mariage en 1948 et naissance de son fils, Mihia, six ans plus tard.

Puis, au début des années 60, Cojan peut à nouveau participer à des manifestations à l’étranger (Pavillon roumain à la Biennale internationale de Sao-Paulo, 1967, avec une cinquantaine de ses dessins) et même à Bucarest, où il est invité à exposer plus de soixante toiles. Il choisit pourtant l’exil à Paris en 1969: « Les relations entre le pouvoir et public étaient […] sans sincérité, cruellement fausses et dangereuses à la fois ». L’asile politique lui est accordé, mais ses débuts sont difficiles: après une première aide du Secours catholique, il est un temps gardien de musée… Quant à son style, il évolue radicalement à la découverte de Mitchell, De Kooning, Wols, Twombly… Aussi bien figurative (portraits, nus, natures mortes, scènes rue, paysages…) qu’abstraite, tantôt légère et fluide (aquarelles), tantôt fulgurante sinon rageuse (huiles), la peinture de Cojan devient l’héritière de ces grands précurseurs, en portant très haut l’idéal pictural de liberté.Après quelques salons parisiens, c’est à partir de 1978 qu’ont lieu ses premières expositions françaises à la galerie Charley Chevallier, puis aux galeries Ralph, François Mitaine et Jacques Barbier. C’est cette dernière galerie qui va défendre son travail jusqu’en 1995. Enfin, depuis 1998, Cojan est représenté à Paris par la galerie Alain Margaron.

Sa peinture, telle qu’elle s’est développée en France, se présente sous les dehors d’une « écriture » colorée où les signes figuratifs éclatent et se transforment presque entièrement en configurations abstraites.

Collections publiques: Musée des beaux-arts de Bucarest, Musée d’art moderne de la Ville de Paris.

« D’abord l’impression de « jeté ». Ensuite, une apparence de dispersion. Les toiles sont des espaces absolument aérés qui produisent en moi ce que Bachelard appelait une imagination « ascensionnelle » : je flotte dans le ciel, je respire dans l’air.»

Roland Barthes

« Ce qui semble intervenir dans son trait et le conduire au bord de cette mystérieuse dysgraphie qui fait son art, c’est une certaine paresse (qui est l’un des signes les plus purs du corps). Elle lui permet d’éviter la platitude des codes graphiques, sans se prêter au conformisme des destructions : elle est dans tous les sens du mot, un tact. »

 

 

Roland Barthes

Izumi KOHAMA est la fille d’un maître calligraphe japonais, dont elle pratique la discipline depuis ses sept ans. Diplômée de la Musashiro Art University de Tokyo, elle est spécialiste du « Shodo Art », un style d’expression libre et artistique de calligraphie japonaise. Après avoir vécu dans de nombreuses villes à travers le monde (Tokyo, Milan, Londres, Okinawa, Paris), elle s’est aujourd’hui installée près de Pont-Aven.

 

Dernière publication : Soseki, Haikus vagabonds, choix et illustrations d’Izumi Kohama, Synchronique éditions, Paris, 2024.