Du jeudi 1er septembre
au dimanche 16 octobre 2022
Annie PELZAK, Peintures - palimpsestes
(Fleurs et Portraits)
De la musique de Chopin, il se disait que sa poésie sonore, en dépit d’une extrême subtilité, révèle « des canons sous les fleurs ». De la peinture d’Annie Pelzak (qui possède une ascendance polonaise), il est possible de dire qu’elle révèle des portraits sous les fleurs. Dont l’extrême subtilité ne saurait exclure, pour autant, l’impact.
Depuis longtemps, et aussi après un séjour à l’ « Art Cru » de Bordeaux, Annie Pelzak peint des portraits. Libres de ressemblances avec leur sujet, d’habitude, même lorsqu’elle leur assigne un nom. D’allure minérale le plus souvent. Dans la matière – mémoire, toujours, à même la pâte de couleurs appliquée avec véhémence et dont elle réalise parfois, à partir d’une création matricielle, des empreintes aléatoires sur du papier journal.
Puis apparaissent des marines, suivis dans leur sillage de fleurs qui tendent vers la dispersion, la diffraction, l’éclatement et dont les racines ou les vases deviennent translucides. L’ancrage est là, mais le vase est liquéfié. Les fleurs se retrouvent éparpillées dans l’espace du tableau ; l’eau a comme absorbé le verre. Ici, les transparences de l’impressionnisme et les épaisseurs de l’expressionnisme se rejoignent dans un paroxysme vibrant d’intensité.
« Imago » ? Empreinte de cire sur un visage ; ou, en psychanalyse, prototype inconscient d’un personnage… Les portraits, entretemps, sont devenus des palimpsestes. Couvrir, gommer, gratter, recouvrir, inciser… et re-découvrir. Retour à l’archaïque, au primordial. Annie Pelzak appréhende désormais le mystère de la réalité humaine, notre « être-pour-la-mort » (Heidegger) par l’effacement et le recouvrement des strates successives de la Figure.
Ce qui naît, demeure et se déploie caminando au fil de ce chemin buissonnant ou buissonnier qu’elle ne cesse d’explorer, sur des supports variés (toiles, cartons, bois…), dans un geste créateur semi-figuratif libre au service d’une vision singulière, spontanée et onirique ? Sa vérité en peinture.
A. C.
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